Le rire qui passe tes lèvres est quand même témoin de l'idée et la remarque saugrenue de Reed, preuve que c'est peut-être pas si pire, toute cette histoire.

Mais la mention d'Ezra est un jeu dangereux, mais cacher l'origine de pourquoi tu es là l'est probablement encore plus, en rétrospective. Tu sais qu'ils sont clairement pas dans les meilleurs termes, mais ça te rassure un peu de voir que le cadet des aldecaldos n'est pas totalement fermé à l'idée. Tu lui adresses un petit sourire, un peu fatigué, mais profondément rassuré. Tu cherches pas à creuser sur la curiosité, te contentant d'un petit rire, aussi nerveux que celui de Jude, sans doute, alors que tu reportes ton attention sur celui dont la réaction est la plus imprévisible. Sa remarque est loin de l'ire que tu aurais pu imaginé dans le ton de Reed. Certain que ça ne lui fait pas plaisir pour autant, mais rassuré malgré tout.



Que tu lui réponds, les épaules haussées. Si y'a bien un truc qu'on peut pas lui retirer, et qu'il a retrouvé depuis que vous avez changé d'appartement, c'est sa verve. Ton attention se reporte sur Ben une seconde, un petit rire du nez s'échappant alors que tu ajustes la sangle de ton fusil d'assaut.



Surtout un sniper. Si le temps n'est pas compté, Jude vous ramène rapidement à la réalité avec sa flashlight et un début de descente qui s'annonce. Jude et Ben en tête de file, tu te retrouves sans mal à prendre le pas à côté de Reed, le fusil d'assaut levé et une flashlight intégrée à ton fusil éclairant au moins le dos de Ben et Jude devant vous, tes kiroshi prenant le relais pour tout ce que tu n'arrives pas à voir, vision thermique intégrée. Profitant d'un moment de discussion entre les deux devant, tu en profites pour tourner légèrement ton regard vers Reed, petit sourire sur les lèvres.



Si y'en avait bien deux avec qui le contact ne passait vraiment pas : c'était ces deux là. C'était peut-être pour ça que ça te touchait plus que de raisons que Reed ait quand même décidé de vous suivre.



Votre relation n'a pas toujours été au beau fixe, surtout dans tes jeunes années, mais tu peux pas nier qu'avoir Reed pas loin... C'est toujours un gage de sécurité. Tu lui fais confiance, et tu lui as toujours fait confiance malgré tout. C'est la famille.

La remarque de Ben atteint tes oreilles avec un sourire, c'est bien son genre d'essayer de détendre l'atmosphère comme ça.

Peut-être que tu étais trop habitué au pire, dernièrement, avec l'état d'Ezra qui s'était dégradé à une vitesse folle - si ce n'est même dire en un instant - et que tout ce qui s'enchaînait était égal à une merde supplémentaire à gérer et qui paraissait monstrueuse. Mais la réponse de Reed était bien moins acide que tu aurais pu l'imaginer, de toutes ses réactions. Ça te surprenait quand même, mais parce que Reed avait cet art de te surprendre à chaque fois.



Tu espérais juste que, si vous trouviez Ezra, il allait faire attention. Tu voulais vraiment pas te retrouver entre ton ancien lieutenant et patriarche de la famille sonorane, et celui que tu aimais. Ça te tentait, vraiment pas. Dans tous les cas, tu restais plus rassuré avec sa présence dans ce merdier dans lequel vous vous étiez tous jetés pour des raisons différentes.

Au moins l'ambiance n'était pas si terrible, la blague de Jude attirant sans mal un sourire à tes lèvres et un léger rire du nez. Tu devais bien l'avouer, tu reconnaissais des traits de famille entre Ben et Jude. Si ce n'était pas Jude qui avait fait la blague, tu étais prêt à parier que Ben en aurait trouver une pour détendre l'atmosphère ; cette dernière qui changea à nouveau pour prendre une tournure bien différente quand un bruit se fit entendre dans les profondeurs. Le mouvement de Reed en périphérie, tu ne tardas pas à le flanker, fusil levé, le suivant en avant.

C'est à la voix, robotique, éraillée, infernale, comme tout droit sortie des enfers, que tu te stoppes brutalement. Tu n'avais pas entendu ce prénom depuis au moins trente ans, pas de tes propres lèvres en tout cas. Toute couleurs ne tardèrent pas à disparaître de ton visage alors que tes mains se serraient davantage sur ton fusil. Ton regard trouva celui de Ben qui savait très bien le poids de ce prénom, comme Reed à tes côtés.



Le frisson qui passa le long de ta colonne vertébrale ne se fit pas manquer alors que tu observais la nouvelle zone dans laquelle vous étiez, en ayant suivi Ben qui avait défoncé la porte, des écrans dispersés tout autour avec la phrase mentionnée, ton ancien prénom bien présent. Une pièce aux néons allumés, des caisses un peu partout, une hauteur sous plafond qui n'annonçait rien de bon. La voix de Ben te fit sursauter un instant. C'était pas Ezra, ça. Ça ne pouvait pas, mais tu gardais tes lèvres fermées alors que l'ambiance se chargea d'autant plus.

Les néons qui étaient précédemment allumés se mirent à grésiller, certains allant jusqu'à s'arrêter de fonctionner pour laisser place à cette lumière qui n'arrêtait pas de tressauter, comme si quelqu'un jouait avec les boutons. Ton pied t'amena doucement vers l'un des écrans, peut-être dans l'optique de le fermer, mais au lieu de ça... Des dossiers commencèrent à s'afficher, sur celui vers lequel tu étais comme tous les autres. Pas n'importe quels dossiers.

Celui de Ben, très sommaire avec des informations trop précises pour être trouvées n'importe où, un mugshot datant de son époque chez Militech. Un dossier sur Reed également, avec une vieille photo, des information sur les Red Eagles - ancêtres des Sixth Street - ne tardant pas à popper par dessus celui de Ben. Celui de Jude, ensuite, photo qui semblait moins ancienne mais probablement dû à la jeunesse du cadet, des informations sur son frère, notamment. Et le tien, photo d'il y a des années, encore des informations, ton ancien prénom aligné avec celui que tu portais aujourd'hui.

Les dossiers tournaient en boucle, s'alternant les uns ou autres, se superposant sur tous les écrans avant de s'arrêter, les écrans proposant chaque fichiers. Des fichiers, des informations, qui ne pouvaient pas sortir de nulle part.



Persuadé que la majorité était confidentielle et ne demandait nullement à être sorti des archives. Ça ne faisait aucun sens, leur présence, en tout cas à tes yeux. Quelque chose d'autre sembla s'ajouter à ce qui était déjà une occurrence pas particulièrement présente. Des grésillements, une sorte de bruit métallique, comme une barre de fer qui tapait contre les murs, provenant du fond de la salle, de quoi te faire lever ton fusil en direction du fond de la salle.



A l'intention de tout le monde, peur que tu sois le seul à avoir entendu ce qui se tramait tout au fond, dans les entrailles de cette ville de malheur.