Petit matin : thermos de café coincé entre tes cuisses, une clope entre tes lèvres le temps que tu récupères un briquet dans ta poche arrière. La barbe drue, sombre, les revolvers visibles dans les holsters sous tes aisselles : la chemise à fleurs laisse voir ton bras chromé, appuyé sur ta cuisse tandis que tu bois une gorgée de café, penché en avant. Invisible parmi le reste des Valentinos en planque – clope, café, chrome, tatouages, violence et croix dorée, t’as le package, le plumage à défaut du ramage. A l’aube, t’as retrouvé le gang comme t’aurais aimé retrouver ton lit. Nulle part où aller, tes pas qui te ramènent vers ta famille adoption, la colonne vertébrale qui partage tes valeurs, ton honneur. Toute la nuit, le Saloon avait vibré des rumeurs qui transmettent l’onde de choc du coup d’éclat de Valentinos. Chaque verre alourdit des quelques grammes de conséquences qui se ressentiraient pour tous. Et tellement de grammes de fierté et de rage.

T’as pas l’intention de descendre l’escalier que des acolytes gardent. Tout juste le regard présent, précis et grave pour les badauds qui s’approchent. Tu crains le pire. T’as envie du pire : t’as passé tellement de temps à faire ta part, ta petite part, à essayer de changer les choses, une personne à la fois. Militech, les Outlaws, le Saloon. Tout ça pour rien et lentement la rage et la frustration empoisonnent ton sang aussi sûrement que la nicotine et l’eau que tu bois. T’as jamais été aussi proche des Valentinos que depuis quelques semaines ; logique, en temps de guerre. Vous vous serrez les coudes et t'en peux plus de ces riches qui panique, de ces corporations autour de qui le monde tourne, t'as envie de voir leur monde brûler, que leurs précieuses béquilles ne se rallument pas. Tu te relèves de ton bloc de béton en voyant Seth arriver, levant la main pour le saluer alors que tu expires la fumée entre tes dents serrées. Serrées à te faire mal, depuis le temps. « - Howdy. »

Ta chemise colle entre tes omoplates, malgré la fraîcheur du matin. Tu t’approches d’eux, un sourcil arqué et le goût du café tiède sur les lèvress quand un membre du gang siffle un peu plus loin, attirant ton attention. « - Wyatt. Ton putain de corpo arrive. Je te préviens, tu le gères ou je le fais. » Etrange comme les choses changent. T’as épousé un corpo, un riche, un athée, même. T’as jamais déménagé, pas bougé d’un iota. Personne n’a jamais cillé à voir Zhenka évoluer dans Heywood, si différent de vous – cible, proie, intouchable. Jusqu’à quelques semaines : le costume noir dont il est cinglé lui forme un sépulcre plutôt qu’une armure, envahisseur, autorité qui cristallise toutes les tensions. Y compris les tiennes et tu siffles alors que tu t'étires et que l'armure craque. « - Jesus-Marie-Joseph, the love of my life. Lucky me. Fuck me. » « - Jesus-Marie-Joseph, the love of my life. Quel chanceux. Niquez-moi. » is

Tu ne sais pas réellement ce que tu fiches ici. En réalité, tu as même hésité à sortir de ton moyen de transport. Tu as encore ta peau sur ta carcasse parce que tu es l’époux de Wyatt Wooding, qui s’entend particulièrement bien avec les Valentinos. Tu n’as jamais eu de problèmes avec eux. Tu n’es pas un fan invétéré du concept des gangs de la ville, surtout d’un en particulier, mais tu ne peux pas vraiment critiquer quand on sait ce que fait ta propre famille. La cigarette coincée entre les deux, ta posture droite et les cernes sous les yeux, tu as plus l’attirail d’un croquemort que d’un corpo tout bien sur tout rapport. Ta bague au doigt n’est aucunement la garantie du fait que tu ne vas pas atterrir avec une balle entre les deux yeux dans cette rue-là. Netwatch se fiche bien de ça, ils enverront quelqu’un d’autre. Tu mords le cul de ta cigarette de tes dents. La frustration est palpable dans ton regard. C’était une connerie de te renvoyer ici après la dernière fois. Tu ne pensais pas avoir énervé assez de gens à Netwatch pour qu’ils essaient de t’envoyer six pieds sous terre.

« I know what you’re gonna say. Believe me. Je sais ce que tu vas dire, crois moi. » Tu retires la cigarette de ta bouche, la coinçant entre tes doigts. La tension est palpable autour de toi. Tu ne pensais pas être un jour une cible à ce genre d’énergie. Tu regardes longuement ton mari avant de remarquer un peu plus loin une silhouette un peu familière. Seth. Vous ne vous croisiez pas si souvent, mais il vous est déjà arrivé d’échanger sur la musique ensemble. « I'm just here to observe. Nothing else. Je suis juste là pour observer. Rien d'autre. » Tu ne peux pas leur en vouloir qu’ils ne te croient pas. Que de toute façon, tu es juste là pour foutre la merde avec ta corpo. De nouveau, tu viens avaler la fumée de ta cigarette. Tique nerveux, tu peux sentir les muscles de ta mâchoire se contracter. Tu as plein le dos de ces conneries. « I know they send me into the firing line. I’m not an idiot. I agree because I knew you were here.Je sais qu'ils m'ont envoyé au casse-pipe. Je ne suis pas un idiot. J'ai accepté parce que je savais que tu serais pas loin. » Peut-être que tu commençais réellement à ne plus en avoir grand-chose à faire de tout ça. Que Night City ne méritait ni ton inquiétude ni ton angoisse. Tu jettes un coup d’œil à Seth et l’homme qui l’accompagne. Puis à l’un des Valentinos qui t’observe, toi et ton mari. « I can help. I’m a good netrunner even tho’ my corpo is… Je peux aider. Je suis un bon netrunner même si ma corpo... » Tu sembles réfléchir un bref instant. « Whatever. They’re crap right now. Just like the rest of this city.Qu'importe. C'est la merde de toute façon. Tout comme le reste de cette ville. » Tu colles ton épaule contre celle de Wyatt, ton regard retombant sur lui. « We've never played explorers before. What you think ?On a jamais joué aux explorateurs. Ca te dit ? ».

« - You know the holy mary and St. Rita’s prayer? Mark me surprised as fuck as I have married a man of letters. »   « - Tu connais l'Ave Maria  et la prière à Ste. Rita ? Je suis choqué, je ne savais pas que j'avais épousé un homme de lettres. »  Tu siffles dans ta barbe alors que tu achèves la distance entre toi et Zhenka. Tu t’interposes physiquement entre lui et le reste, tourne le dos à ton clan, à ta famille. Ils ne sont te feront pas l’affront d’une balle dans le dos, juste entre les deux yeux. T’es prêt à courir le risque. Ton regard attentif, inquiet se pose sur lui alors que tu es proche à le toucher, ton souffle réveillant sa peau sous la nicotine et la caféine. « But that’s good, ‘cause you and I we are going to light a candle later. It’s a miracle there’s not bullet in your ass right now. » « - Mais c'est une bonne nouvelle parce que toi et moi, on va aller allumer un cierge après. C'est un miracle que tu n'ais pas encore une balle dans l'cul. »  Tu murmures, secret entre vous.

Tu jettes un coup d’œil à Seth et Basil – t’as tout ce qu’il te faut, tu dors avec ton arsenal depuis le bug de l’An 2078. Puis tu réalises avec un temps de retard, et ton regard quitte un instant Zhenka pour les fixer, moqueur. « - Check it down here ? »   « - Descendre voir ? »   Tu fermes un instant les yeux, puis tu continues de la même voix basse, presqu’audible que par Zhenka, ronronnante et lasse. « - I think we’ve never played explorers for a very good reason sweetheart. » « - Je pense qu'on a jamais joué aux explorateurs pour une très bonne raison mon coeur. »  

Tu écrases ta cigarette sous ton talon, récupère la sienne pour lui tendre à la place ton mug de café. La colère sourde dans ta voix, presque imperceptible. « - I can’t do shit. I can’t protect you. I’ve got no power here, it’s not my crew. » « - Je peux rien faire ici. Je ne peux pas te protéger, j'ai pas d'influence, c'est pas mon gang.»  Tu n’as pas envie de te retourner contre ta famille d’adoption – mais même si tu y étais forcé, qu’est-ce que tu ferais, un homme contre un gang ? Vous mourrez. Ton regard se pose sur lui, soudain conscient des nuits passées séparées, des migraines qui creusent son visage, des psychoses qui le transforment en ombre, de l’âpreté de sa voix – et la cigarette que tu portes maintenant à tes lèvres n’est pas une explication suffisante. Ta mâchoire se crispe à la réalisation de ce que cache le tranchant de ces mots – le cynisme. Ta main tremble et tu glisses tes doigts à ta ceinture, ta voix aussi impassible qu’à l’accoutumée, le sang-froid prenant le dessus malgré ta rage. Zhenka avait failli mourir une fois à cause de sa corporation. Pas deux. « - Better this netrunner, better us, than someone else. We need one. » « - Mieux vaut ce netrunner, mieux vaut nous qu'un autre. On en a besoin d'un. »  Les Valentinos n’étaient pas spécialisés en netrunning.

Tu frottes ton sourcil de ta main libre, tu refoules la nausée dans ta gorge. Tu les (Netwatch) tueras. Et il n’y a pas besoin de préciser que si une information remonte à la corporation, Zhenka est mort – parce que c’est évident pour les Valentinos et évident wyatt pour toi (?) que ça n’arrivera pas. « - I vouch for him. I will go with him. With them. « - Je me porte garant. Je descend avec lui, avec eux. »   De cette manière il y aura au moins un valentino assermenté avec eux. - Seth. Et sa tête à lui dans la balance. Mariés pour le meilleur et pour le pire. « -If. If that's alright with everyone. » « - Si, et seulement si ça va à tout le monde. »  Au pire, il faut que tu dormes, et que tu parles à Zhenka.