Reyes est sensible, sa mère le lui a toujours reproché. Trop sensible pour Night City, bon.ne à être jetté.e en pâture au Scav qui cherchent les petits enfants pour leur faire les pires crasses des XBD. Reyez en marre d’être pointé du doigt parcequ’iel rougit, s’empourpre et chouine pour un rien. Alors, Reyes sort la nuit, pour aller se faire prendre par les Scav et donner raison à celleux qui se moquent d’ellui, en plus de sa mère.
Peut-être qu’après, oui, iels se sentiront mal d’avoir ainsi rejeté un défaut évident pour la survie dans NC.
Reyes n’est pas pris.
Pas kidnappé.e.
Pas arraché.e.
Il n’y a juste rien (rien de plus que les horreurs de jours).
Parce qu’iel est un gosse chétif, la peau sur les os, trop petits pour les implants, trop moche, crade, mal aimé.
Reyes est déçu.e sans raison, sans limite, quand iel revient chez ses parents. Iel comprend, enfin, que ses parents lui ont menti, que ses parents, simplement, ne l’aiment pas.
A partir de là, Reyes sort plus souvent dans la rue, traine avec les gosses de son âge et il continue de se faire houspiller jusqu’à ce que Reyes ne montre plus aucune émotion, qu’il ait trop pleuré pour tout une vie. Alors, les gamins des valentinos s’ennuient de lui, parce qu’iel ne pleure plus quand iel se fait tabasser, n’appelle pas à l’aide non plus.
Reyes encaisse.
Et c’est ce qu’il faut, pour être un Valentino. Une âme paumée comme une autre, une âme usée à la crasse et à la violence, banalisation des crimes. Iel commence à traîner avec un petit groupe, mais ça non plus, ça ne lui plait pas, les armes à feu, les casses, les vols.
Iel se débrouille de manière plus qu’acceptable avec ce qui n’est pas humain. La mécanique lui réussit un peu, l’informatique aussi, la chimie également. Iel traine dans les labos de synthèses de drogue et apparemment iel attrape l’attention d’Enzo, un des chimistes, qui lui explique tout sur la science.
Reyes trouve une misère plus grande que la sienne dans le Pacifica, une partie de sa famille éloignée qui s'y échoue, réfugiés climatiques. Ca apaise Reyes un temps, traine et aide comme il peut. Iel aime ça, ne pas détruire la vie des autres, mais juste aider.
Ca attire un peu trop l'attention de ses parents, qui à nouveau, lae traitent d'idiot.e, de sensible, comme si c'était une tare.
L'appellent tare.
Iel s'enfuit, blessé profondément, réfugié émotionnel.
Enzo lui trouve un gig chez Biotechnica.
La générosité, bien entendu, n’est jamais gratuite et on lui demande de voler dans les stocks.
Reyes le fait, parce que Reyes ne désobéit pas aux rares personnes qui sont aimables avec ellui.
Reyes chope un truc par hasard, par erreur, par drogue (?).
Ce sont ses premières graines.
Iel ne sait pas très bien comment ça fonctionne, fait quelques essaies en suivant ce qu’iel a lu en ligne, qui se termine en grossiers échecs.
Ce sont ceux qui sont devenus les Voodoo Boys qui lui expliquent les voies d'une nature qu'iel n'a jamais connu (plantes et poisons).
Iel ne s’est jamais senti aussi fière que quand la première pousse verte est sortie de terre.
C’était de l’herbe à chat.
Ca dure pendant un petit temps, avant qu’iel ne se fasse prendre par la sécurité. Iel pense qu’on va le virer de son job, mais quand iel explique qu’iel a réussi à faire pousser ce qu’il a volé, on le regarde de travers.
On le change de service.
La courbe d’apprentissage de Reyes est fulgurante, les doigts dans le sol, dans l’eau, explore les différentes manières de culture de leur époque. Ses liens s'effilent et se défont avec les Valentinos, sans aucun regret, aucun scrupule.
De sa part.
Enzo n’apprécie pas la perte de son apprenti.e, coup monté contre Reyes, qui se fait jeter comme la racaille de NC qu’iel est.
Reyes ne fait plus confiance à personne depuis.
Mais ça ne l’empêche pas de vouloir continuer à travailler avec les plantes. Enzo ne peut pas lui prendre ça, peut lui mettre la gueule dans la merde de temps en temps, des bâtons dans les roues. Reyes se réfugie à Pacifica, souffle, ressasse, en sort à chaque fois plus fort, plus déterminé.e à survivre, continuer de faire ce qu’iel fait de mieux.
Reyes ne repense pas à cette partie de sa vie, ne voit pas les schémas d’initiation.
Ce n’est qu’une grossière excuse pour dissimuler les violences entre individus.
Jusqu’à ce que Reyes passe un point de non-retour, plante Enzo d’un couteau dans la gorge.
Pas de poison.
Pas de drogue.
À l'ancienne.
Banal.
Les Boys le regardent différemment et iel n’a pas l’habitude de ça, le respect. Tout ça pour avoir fini une raclure. La notion est étrange, Reyes n’aime pas l’attention, se fait encore plus discret.
Ses plantes prennent de l’ampleur, grossissent en nombre avec les années. Le rebord de fenêtre devient une table, une pièce, un étage.
Les eddies s’allongent.
Un autre travail après avoir tapé un scandale sur une mauvaise représentation d’une strelitzia reginae, de la paperasse, encore plus de travail.
Encore plus de plantes.
Reprendre la boîte et les stocks de son patron.
Un contrat avec la ville.
La ville à ses pieds.
Solitude.