trapped in a nightmare
darkness around me, there's no going back
mention de dépendance, symptômes de manque, addiction
Avec Zola, ça n'avait pas été facile. Mais tu t'étais défendu. Tu avais refusé ce sentiment qui s'était immiscé dans ta poitrine dans un moment de faiblesse, cette action stupide que tu avais fait quand tu étais au plus bas, au plus profond. Il t'avait trouvé au pire moment, quand tu n'étais plus capable de te défendre, et comme un imbécile à l'époque, tu avais laissé voir tout ce dont tu manquais cruellement. Tu ne regrettais plus ce baiser dans la navette, tu ne regrettais plus le reste. Mais tu savais que tu t'étais battu contre toi-même, en témoigne aussi une soirée plus qu'arrosée avec Ithan, où tu pensais pouvoir bitcher sur lui jusqu'à plus vouloir en entendre parler - mais l'alcool avait nettoyé le tout, ne laissant apparentes que les preuves évidentes de ton affect pour Zola.
Tu n'avais jamais laissé quelqu'un rentrer dans ta vie comme ça, se graver sous ta peau, occuper tes pensées sans que ce ne soit pour des questions de netrunning, de surveillance, de paranoïa. Tu étais aujourd'hui incapable de perdre Zola, de rester insensible face à ses mots, sa douleur. Mais ça avait pris du temps. Raisonnablement.
Avec Jessy aussi, quelque part. Et pourtant, pas vraiment. Peut-être que c'était de la voir dans cette cellule, si jeune et si proche d'une image de toi que tu n'avais jamais vraiment pris le temps de confronter. Peut-être que c'était sa personnalité, liée à votre ADM partagé, qui t'avait pris de court. La nature faisant son office, expliquant l'inexplicable besoin de la protéger immédiatement, de care pour elle même si elle avait tout fait pour te montrer qu'elle en avait pas grand chose à foutre de toi.
Mais tu avais peut-être déjà vu à travers, à force d'user des mêmes stratagèmes.
Tu l'écoutes te crier dessus sans broncher. Tu n'es pas impassible, on peut voir ton visage se morceler à chaque mot que tu reçois comme des coups. Et tu n'es pas capable de comprendre pourquoi les siens font du mal quand tu es si imperméable aux autres, tu n'as même pas l'espace mental pour te poser la question. Tu ne penses qu'à ce qu'elle dit, ses paroles, balbutiées entre la colère et le chagrin. Deux animaux féraux nés dans la jungle qui doivent apprendre à cohabiter, à comprendre qu'ils n'avaient jamais vraiment été faits pour la vie en solitaire. Mais comment fait-on confiance après tant d'années de solitude, à douter de tout ?
Tu ne dis rien, tu ne pipes pas un mot, trop occupé à essayer de ne pas craquer sur le moment, t'effondrer comme un château de cartes. Tu as tellement peur de te briser que ça en devient ridicule, qu'une énorme partie de ton énergie ce mois dernier a été passée dans les apparences, alors qu'il n'y avait que Zola pour en être témoin. Tu as cette peur maladive de ne plus pouvoir te relever si tu tombes trop profond, alors que tu sais pertinemment que tu es ressorti de bien pire, de beaucoup de choses dont personne ne serait jamais revenu.
Tu as commencé à sentir la dernière corde s'effriter avant même que sa tête touche le haut de ton torse, tu s senti un sanglot t'attraper à la gorge comme une main, étouffer, devoir le laisser s'échapper pour récupérer de l'air. Et quand elle lâche, tu lâches aussi. Tu te mets à pleurer. Pas de barrière, pas d'apparence, pas de jeu derrière, plus d'intérêt, d'agenda caché, rien. Juste des larmes et des sanglots, qui s'échappent d'un bocal qui était scellé depuis très longtemps.
Ton bras, automatiquement, vient l'entourer, ta main qui vient se poser derrière sa tête alors que la tienne vient se poser contre elle, inonde probablement ses cheveux de larmes mais tant pis. Vous avez vu pire. Toi, comme elle. Vous avez vu le sang, la crasse, la misère du monde.
Alors pourquoi ça vous paraît si difficile de juste partager quelques gouttes d'eau salée ?
Tu pleures, sans te priver, petits gémissements honteux comme un enfant que tu devrais censurer par peur du ridicule. Mais ça ne traverse même pas ton esprit à cet instant. Tu te sens pathétique, mais pour tout autre chose. Quelque chose que tu n'arrives pas à articuler, quelque chose que tu ne connais pas habituellement. La peur de ne pas être assez dans le sens de la protection. Elle ne te le demande pas, elle l'a souligné, mais tu sais que ça te bouffe. L'envie qu'on te regarde et qu'on t'idolâtre quelque part, qu'on prenne exemple sur toi. Qu'on te cite comme tel. Qu'elle puisse t'appeler quand elle a besoin.
Mais tu ne sais pas faire ça. Tu sais stalker pour montrer que tu cares, tu sais envoyer chier pour te protéger. Tu sais détruire, tu sais briser. Tu n'as jamais appris à construire autre chose que des instruments de défense, des daemons et des programmes pour ériger encore plus haut ta palissade, qu'elle monte jusqu'au ciel. Mais une putain de porte ? Non, personne ne t'a dit comment faire.
I'm sorry- Je suis désolé-
Lâché d'une traite d'une voix vrillée par le chagrin alors que tu serres juste un peu plus fort sa tête, et que tu redoubles de larmes. Incapable de dire quoi que ce soit d'autre. Soudain écrasé par le poids de tes échecs, la tonne que pèse ce mois dernier, ce que tu infliges à Zola depuis des jours, ton incapacité à te sortir de cette ère terrible. Ton impuissance et en même temps, ta dépendance à cette puissance que tu ne peux pas récupérer.
Le sentiment d'échec plus que jamais présent au creux de la poitrine, et pourtant, encore un peu agrippé à la possibilité que tout n'est pas foutu. Parce qu'elle est là, elle est venue, Tu as fait des pas toi aussi. Ce que tu ne ferais jamais d'habitude.
I'm so- sorry- Je suis tellement- désolé-
Que tu parvins à répéter avant que le chagrin t'étrangle à nouveau, que tu baisses la tête plus bas contre la sienne, et que tu te laisses à partir dans une nouvelle crise, terriblement mal mais à la fois conforté par sa présence contre toi. Incapable de formuler une pensée, une théorie, une hypothèse, un début de plan B. Rien. Ses larmes ont noyé tes systèmes comme personne ne l'avait encore jamais fait, pas même cette putain de panne de réseau.
ft. jessy + caméo zobzob8 juin 2079pacifica