Me too.

Le coeur loupe un battement, s'égare sur une mesure qu'il découvre à peine mais connaît absolument par coeur, comme un rythme qui s'était déjà laissé écouté des dizaines de fois sans jamais vraiment l'entendre. C'est ce que te fait ressentir les aveux, les confessions intimes qui sont soulevées par les mots de Jude. Cette réciproque si longtemps ignorée comme si fermer les yeux empêchait les sentiments de fleurir, le déni étant cette chose malsaine qui nous pousse si aisément à ne rien voir, même les choses, les détails les plus proches.

Et tu les avais tous loupés, quand bien même ils étaient si proches, quand il était si proche, quand vous l'étiez tous les deux. Tous les signaux manqués, toutes les alarmes éteintes, et ce n'était que maintenant, les lèvres imprimées sur les tiennes que tu pouvais les voir, que tu arrivais à les voir. Comme si on t'ouvrait les yeux pour la première fois et que toutes les perspectives étaient ouvertes, qu'enfin tu pouvais voir les couleurs. C'était impressionnant, cette chaleur dans ta poitrine, cette force qui venait s'introduire dans ta poitrine pour ne plus lâcher le moindre organe.

Et surtout pas celui à gauche. Surtout pas celui là.

Comment avais tu pu passer à côté de tant de belles choses, de tant de réactions au nom d'une peur idiote? Quand tu avais pu passer à côté de tellement de moments avec lui quand tout semblait si naturel, si instinctif? Jusque dans le soupir qui passe tes lèvres quand les siennes trouvent le point de corde dans ton cou, quand tu l'étires pour lui laisser l'accès, pour te laisser à lui tout entier. Parce que rien d'autre n'a d'importance. Il n'y a que Jude dans ta tête, ses réactions, la chaleur de sa peau sous tes doigts qui se permettent de griffer, juste un peu, sous la réaction de ses lèvres.

Tout faisait du sens, absolument tout, et il n'y avait pas une note qui détonnait, même quand sa voix résonnait d'une question dont tu voulais avoir la finalité. Mais trop vite ses lèvres sont de nouveaux sur les tiennes, le sujet abandonné pour un instant, laissé pour compte dans vos souffles mêlés, qui refusent de s'égarer trop loin, de se perdre un instant de trop ailleurs que sur ses lèvres. Non, tu veux rester là, contre lui, contre ses lèvres, jusqu'à la fin des temps, même si ça paraît absolument absurde. Tu ne vois pas d'autre endroit où tu voudrais être.

Surtout quand le ton change, devient moins urgent, plus doux, plus délicat, et où tu laisses toutes émotions s'égarer sur les limbes de ses lèvres. Tu viens t'égarer là où tu ne pensais jamais le faire, y laisser des mots silencieux parce qu'encore trop irréel pour les laisser respirer vocalement. Tout ça a encore un goût de trop précieux, de trop abstrait même quand il est entièrement collé à toi et que ta main sur sa hanche à finit par devenir ton bras, entièrement enroulé autour de lui, l'amener encore plus contre toi.

Jusqu'à ce qu'il recule, juste un peu, et que tu l'observes, surpris du mouvement, surpris du changement. Son petit sourire arrive au tien, qui y trouve sa réciproque alors que la main dans ses cheveux revient le long de sa mâchoire, le pouce glissant un peu sur sa joue. Tu sens que quelque chose à changer, sans savoir ce qui a réellement bousculer l'entièreté de cette bulle dans laquelle vous étiez quelques minutes auparavant. Tu ne sais pas quoi, tu ne saurais pas le deviner, pas encore, même avec toute la connaissance que tu as de Jude. Il manque encore des pièces au puzzle.



A voix basse, quitte à briser l'espace dans lequel vous êtes, cette harmonie de s'être trouvés, même pour quelques minutes. Il y a quelque chose là dessous, et tu veux savoir. Tu veux savoir ce qu'il se passe dans sa tête, les émotions qui passent dans ses yeux, comprendre l'entièreté de ce qu'il ressent. Tu sais pas si tu résisteras longtemps, à ne pas tomber de nouveau sur ses lèvres, surtout quand tes yeux y retombent, un court instant, avant de revenir à ses yeux, encore et encore. Tombant amoureux encore et encore.