(outfit)Les sévices de la ville dégoulinent sur la rétine. De tes yeux, tu le pistes. Tu le traques. Tu l’encercles. Tu l’écrases. L’orgueil, parfois, t'accables. Le besoin de lui faire plus de mal, plus de marques que ses propres impacts. Les paroles plus mesurées que l’esprit, tu lui as juré d’être venue ici sans arrière-pensées. Sans arrière-envies. En vie, iel t’as laissée, épargnée à peine des traumatismes. Mais avec le temps passé qui a su lisser les supplices et les vices, les souvenirs sont moins fixes. Plus flous. Moins fous. Les jours enterrent ce que les nuits déterrent. Et au final, ce qu’iel t’a fait subir ne fait que s’ajouter à la longue liste du reste.
Parce qu’il y a pire que la mort.Yeux passionnés, de ces regards offerts à ce que tu convoites sans que ça ne t’appartienne. De cette même fougue qui t’avait possédée à l’hôpital. Interview empruntée dans les commotions, les brûlures, et l'atmosphère intoxiquée. A cette image, la mâchoire se contracte et les dents grincent. Est-ce que ça aurait pu être autrement ? Différent ? Explorer d’autres facettes que la violence de l’extrême. Exploiter d’autres faiblesses. Qu’en aurait-il été de vous ?
Peut-être rien.
Peut-être tout.
Mais dans aucun des univers qui vous succède ça n’aurait pu être un monde meilleur.Tes sens se permettent d’accoster sa gorge, la descente de l’alcool au travers de la chair plus naturelle que la tienne. Tes doigts à toi aussi la connaissent. Lacérée sans justesse. Défense ou enivrance ? Aucun de vous ne sait où ce jeu s’achève mais vous savez d’où il commence.
Drink. Et le deuxième verre vient à point, avant que la démence ne te cerne à même ta défiance.
Tu l’estimes et tu surenchères. De ces traits qui vous définissent, tu réfléchis et t'entêtes sur la moindre cicatrice en commun qui saurait vous désarmer. Bombe à retardement. Reyes est de celleux aux regards contant les méfaits d’une vie d’avant, laissant ses traces, lassant ses flammes, léchant son âme, dansant dans ses reflets obstinément insaisissables malgré l’aimant qui vous harponne, deux pôles contraires aux distances qui se cherchent et se rapprochent.
Reyes.
LeCart.
Reyes.
LeCart.
Et les deux côtés d’une seule et même pièce.
« Since the very first word I've heard from you, since that... intrusion, this is the first occasion on which I don’t perceive an attempt to take my life. » C’est doux, presque sarcastique. Tu abdiques. Un sourire. Comme l’ironie de l’oubli passager des antécédents partagés.
« A better world will never be a perfect world. Justice must be rough, cruel, murderous, and merciless. It demands sacrifice. Violence calls for violence. Murder calls for murder. I don’t live in a fantasy world, perched on top of an ivory tower. I often come down from there, and I can perfectly well imagine the face of Night City's worst atrocities .» Juge, jury, exécutrice. Où le poids de s’investir pour oublier. Pour réchapper au dégoût de ta propre vie.
La vérité, c’est que tu te fous de ces gens qui souffrent, de ce peuple qui étouffe. Toute ton enfance, tu as craché, parce qu’on crachait. Tu as rejeté, parce qu’on rejetait. Tu as maudit, tu as sali, tu as humilié. Abeilles productives au service d’une reine en devenir. Idéologies que tu persistes inconsciemment à appliquer. La vérité, c’est que la partie s’était retournée, et les pions en ta possession se faisaient plus amoindris que ce junkie de Joel
*** en sursis contre lui-même. Substances illicites coulées à même la sève, et son overdose fût la dernière folie capturée sous tes lumières. Une guerre aussi, pour un vieux vétéran qui avait préféré se vendre en animal de divertissement plutôt que d’affronter un présent où ses cauchemars le pointaient à bout portant.
La vérité, c’est que depuis ce jour où ton père t’as rejetée, tu as tenté d’inverser la tendance après une série d'obscurités. De te racheter. Parce que ça t’apaisait. Parce que tu aimais. Parce que comme Joel, toi aussi, tu ne savais affronter les cauchemars qui te pointaient.
Et les jours suivants t’enchainent et s’enchainent, avec cette même question en tête.
Es-tu le monstre, ou la victime ?Un jour peut-être, tu le souffleras.
Un jour, peut-être, tu avoueras.
Que tu n’es pas honnête. Mais aujourd’hui le masque ne cédera pas.
Les yeux retombent sur la cendre quand tu réalises qu’iel a bien plus de nuances qu’en apparence. De ses failles collectées à la caméra, tu combles les manques dans chacune de ses syllabes. L’histoire prend forme et soudain ce n’est plus toi qui es à plaindre. Pour la première fois, les rôles changent de main.
« Why should I bother with it? What is left from me that can possibly be taken away? »« Your soul? Your free will? » Rhétorique en délit, le sourcil défie en dépit des phobies en délire.
« Drink. » A la grâce d'un diable et la violence d'un ange.
« Haven't you ever done something good once in your life? I mean by yourself. » Les ongles pianotent le long de la table grisée à chaque recoin. Saisissent chaque instant. Ton instinct voudrait
record mais par respect l’implant reste éteint. Tu n’as pas de force. Tu ne sais pas te battre. Mais tu as une mémoire infinie. Infinie et infaillible. Tu connais par cœur le chemin que tu empruntes et la réponse à l’incertain.
« Roberto… If I remember well. And if you don't mind me saying his name. That guy who wanted to rape this girl. You couldn’t. » C’est de ça, que tu aurais voulu parler, sur ces transats, dans cette piscine. Jusqu’à ce que le nom d’
Enzo n’invite au crime et ne repousse l’intrigue d'une infinité de chapitres.
Mais même dans le noir tu navigues sans perdre sa trace.
« Okey, you hate yourself. So, tell me, what is your thing? » Yeux fixés sur le cendrier. L'envie de sortir, colombe enfermée. Combien de temps cela va-t-il durer ?
« The thing that makes you get up, breathe, eat, drink, fight, fuck? »
***ref à (un)Lucky Joel sitcom de LeCart qui vient de s'achever, suivant la vie quotidienne d'un sans-abri, ex-vétéran, à Santo Domingo, Joel a fait une overdose en live pour le grand final.