Chaleur brûlante qui tape déjà sur le goudron du parking, habituelle compagne du soleil éclatant de la côte ouest des NUSA et de sa météo flinguée, même au printemps. Mirages qui déforment l'horizon lorsque Firefly gare la bécane empruntée aux Claws, descendant d'un geste nonchalant. Pas aveuglée le moins du monde par la lumière reflétée sur le sol et la tôle de la bagnole arrêtée un peu plus loin ; l'avantage des optiques dignes de ce nom, ajustables à souhait. Jette ses cheveux derrière son épaule avec assurance, alors que les prunelles se voilent d'un bleu électrique - et le HUD lui permet de revoir les mots envoyés par Noragami.

Firefly claque sa langue avec un froncement de sourcils, adossée sur sa moto d'emprunt. Ils sont vachement optimistes, de l'envoyer solo avec un externe sur le bail. Dans d'autres circonstances, elle se serait posé des questions - même pas le droit à une petite équipe en back-up, juste cet externe. Expert en poisons et drogues - et, on espère, en combat de quelconque sorte, au cas où les choses viendraient à tourner au vinaigre. Non pas qu'elle soit complètement démunie, mais des bras supplémentaires ne sont jamais de trop.

Elle lève alors le nez, à la recherche du fameux partenaire. C'est pas très compliqué - sur le parking visiteurs de Tsune, y'a pas un chat. Faut croire qu'ils ont pas souvent de la visite, au fin fond des zones industrielles de Santo Domingo - faut aimer bouffer la poussière et les routes longilignes interminables à travers les déchetteries en tous genres. Ou les détours interminables pour éviter de croiser la route de ces fils de pute de Désosseurs. Une seule autre personne qui poireaute près de sa caisse, de laquelle Firefly s'approche d'un pas confiant, de sa démarche aux airs félins habituelle, étirant les doigts de ses mains aux griffes colorées.

Montre-leur qui t'es.

Oi. You the drug expert?

Et lorsque ses optiques scannent le visage en face d'elle, étrangement, une impression de déjà-vu. Régulier du bar, croisé.e plusieurs fois par le passé. Merc, aussi. Firefly esquisse un demi-sourire confiant dévoilant légèrement l'une de ses canines chromées. One IPA, two tequila shots, fait-elle en dressant un index manucuré, griffe à l'air. C'est souvent comme ça, avec les réguliers de l'Atlantis - elle se rappelle plus de leurs conso que de leurs noms, si bien même elle les a jamais su. Firefly, ajoute-t-elle en guise de formalité, ponctuée d'une brève courbette de la tête.

Et maintenant... ?

Elle se retourne vers le bâtiment des labos, face à eux, plantés sous le soleil sur le parking. Monolithe bétonné qui ressemble à une usine désaffectée plus qu'à un laboratoire de pharmaceutiques - ça donne le ton, et ça inspire une confiance toute relative en ce qu'ils peuvent sortir de leurs locaux. You ever dealt with those guys? C'est ellui l'expert.e en drogues, à ce qu'il paraît - autant lae consulter en cas de stratégie sur l'angle à adopter pour le contrat de la journée.

Le visage est familier lorsque Firefly arrive à hauteur de saon partenaire de mission - bien que le nom lui échappe, fait éludé par sa vilaine tendance à masquer ses malaises et son manque de confiance profond par des mécaniques bien roulées, des manières de félin et une grande gueule. En l'occurrence - une commande au bar dont elle se rappelle très bien, souvent sa manière de mettre des identités sur des visages dans l'obscurité bruyante de l'Atlantis.

Cerveza. IPA is shit with tequila. Firefly laisse échapper un léger rire chromé. I've seen much worse from other regulars. Because who the fuck in their right mind would mix Bailey's with tomato juice really, réplique-t-elle en roulant des yeux pour marquer la plaisanterie. Et comme ça - le nom est donné, dans une glace relativement brisée. Reyes. Firef- You’re Firefly. Cette dernière marque une pause en silence, l'air surpris et légèrement interloqué. Yeah, finit-elle par lâcher, sans trop savoir quoi ajouter - à ça de s'excuser qu'elle n'aie pas l'information de manière réciproque. Le silence ponctue la monosyllabe, alors que Firefly se gratte légèrement l'arète du nez, un poco mal à l'aise.

L'étonnement de ces présentations asymétrique passe vite alors que Firefly comme Reyes recadrent la conversaton sur les vrais sujets. Aucun antécédent avec la cible, donc. Apparently they got money problem. Firefly pince les lèvres en guise de réflexion, ses optiques scannant les contours du bâtiment en face d'eux. They’ve been selling shares for a few weeks and there is something shady about it. So their stakeholders are aware that something's fishy, commente-elle, pensive. Le glitter, ça a toujours été le psychotrope à la mode depuis qu'elle est en âge d'épeler le mot - la concurrence est rude, et bien que les Claws aient une longueur d'avance sur le marché, c'est aussi la porte ouverte à un sacré bordel de tous les côtés. Don’t think a chemist would be suicidal enough to temper with the recipe, termine Reyes de son côté, laissant quelques secondes de réflexion à Firefly. I guess if they are having cashflow issues, tampering with their production indeed sounds like a shit idea to preserve their loyal customer base, pense-t-elle tout haut. Shit batches and investors jumping ships, uh. Maybe something's going on higher up. Légère pause. You think they may be fucking things up on purpose to cheat the stock market? Si y'a un truc qui semble ne pas avoir changé avec le temps, c'est bien les passe-temps des riches à jouer avec la thune des autres et truquer le cours des actions pour s'en foutre encore plus dans les poches.

What are you good with? Firefly est tirée de sa réflexion par la question plus terre à terre de Reyes, reposant ses yeux sur saon collègue du jour. Une fraction de seconde à hésiter quoi dire - question épineuse alors que son domaine de prédilection est sensé rester lowkey. A little bit of everything. Mostly close combat, Claws-style, fait-elle, levant une main griffue à hauteur de son visage, faisant réfléchir le soleil sur ses ongles chromés et acérés. Pas besoin de montrer quoi que ce soit de plus - les mantis restent bien cachées pour le moment. Ce serait sa carte joker. Not bad at netrunning either. Can probably quickhack shit pretty easily if we need to. Le ton est détaché - peut-être un peu excessivement, alors que son mensonge n'est jamais totalement éhonté. Techniquement, c'est pas faux. Shit at firearms though. If we can avoid a gunfight, I'd appreciate it, ajoute Firefly avec un léger sourire, marquant l'euphémisme. Une chose lui dit que ce n'est pas non plus la marque de fabrique de Reyes et son profil de techie.

Pas besoin de rôtir plus longtemps sur ce parking - mais peut-être qu'une stratégie ne serait pas non plus de trop. Firefly fait quelques pas sur le bitume, bras croisés, scrutant toujours le bâtiment d'un air pensif. Regular entrance. Down on the low. The Claws sent us, we want to talk to the manager, it's important, blah blah blah. That's what I was thinking of - for now. Ses cheveux ondules aux mouvement de sa tête lorsqu'elle expose le plan, puis Firefly se retroune alors vers Reyes, visiblement prêt.e et armé.e. Whaddya think?

Reyes ne semble pas convaincu.e par les théories avancées par Firefly - et à vrai dire, elle non plus, elle n'est pas totalement au point sur le sujet. Le trafic de Glitter, c'est déjà franchement pas son domaine, et sa chaîne de production et la politique qui s'y mêle, encore moins. Firefly hausse les épaules. Ion't know. That may come as a surprise but I'm not exactly a seasoned stock broker either, réplique-t-elle sur un léger ton sarcastique, aussi là pour accepter ses lacunes en la matière. Elle écoute la théorie de Reyes avec attention - les livrets de comptes, les archives, la paperasse liée au business. Pas stupide. Sans doute beaucoup moins brutal que son scénario so Loup de Wall Street. Anyway, it’s your call, you’re the Claws. Firefly laisse échapper un rire, se détachant un instant de la tôle du fourgon auquel elle s'était adossée. I'm just a merc too, fait-elle. Franchement, s'ils s'attendent à de la prise de décision d'expert en la matière, c'est pas à elle qu'il faut le demander. Mais entre eux deux, la responsabilité tombe tout de même sous le sens, faut l'avouer. But okay. You're the drug nerd, I'm the exec. I trust you with the info, but the decision-making will be on me, résume-t-elle en hochant la tête, bras croisés sur la poitrine comme pour récapituler leur collaboration.

Échange de bons procédés entre expertise, expérience et responsabilités - et au sujet de leurs compétences et de leurs armements, également, en dépit de quelques secrets gardés en cas d'urgence. Firefly se redresse pour planter ses optiques dans celles de Reyes lorsque ce.tte dernier.e lance un scan, dans un duel de regards qui lui fait se raidir sa colonne vertébrale chromée. À quelques kilomètres, sous son équipement illuminant la pièce obscure de LED clignotantes, Orin fronce les sourcils. Les informations sont immédiatement verrouillées, en sécurité supplémentaire à son pare-feu habituel. Reyes ne loupe pas cette information, à en juger par son regard. Decent ICE, I'd give you that. Le sourire en coin de fierté de Firefly est partagé par Orin. Sa confiance est brossée dans le sens du poil, son ego se regonfle en même temps qu'elle bombe légèrement la poitrine de satisfaction. Can't return the compliment, however, constate-t-elle en retour - Reyes ne semble pas vraiment être adepte de cybernétique, visiblement. La mention au boss lui arrache un léger sourire - sans préciser qu'elle serait sans doute vite remplacée, au bar, mais l'idée que Yoshino se fasse descendre dans une usine pourrie sans pouvoir expliquer son existence en toute honnêteté au patron, ça la ferait sacrément chier. Mais aucune raison, ça n'arrivera pas. You cover my ass from the bullets, I'll cover your brains from the hacks, rétorque-t-elle avec un index sur la tempe, sur son bandeau néon. Donnant-donnant. Oublie une seconde qu'elle est pas vraiment sensée se la péter sur le sujet, mais c'est sans doute assez basique pour rester relativement banal.

Et quand vient l'inévitable discussion du plan d'attaque, le manque de subtilité de Firefly ne semble pas botter Reyes. À vrai dire, elle non plus, elle n'y croyait pas particulièrement. C'est juste une merc envoyée sur un job dans lequel elle n'a aucune expérience. Firefly écoute la vision de Reyes en fronçant le nez, pensive. You're not wrong, admet-elle. Et en même temps, aucune foutre idée de comment ça se passe à l'intérieur, une usine pharma. I’d say backdoor entrance and we quickhack our way into things? Iel a donné le mot magique. Orin voit la perche tendue à une possibilité pour elle de pratiquer son art. Firefly esquisse un hochement de tête. Smart. Reste silencieuse un instant - comme pour ne pas trop montrer qu'elle a été bien trop facilement été convaincue par l'appât du netrunning. Rock paper scissors? How do you say it again. Erm. Shi fu mi? Le sourire de Firefly disparaît pour froncer les sourcils d'un air confus. Shi fu what? Orin esquisse une grimace de dégoût. Qui dit ça en 2079 même ? Les mots écorchés sonnent vaguement comme des termes datant d'un Japon féodal ultra ancien que ni elle, ni Yoshino, ni même les vieux croulants à la tête de Arasaka n'ont sans doute jamais connu. Jankenpon, corrige-t-elle sans rien ajouter. Aucune idée d'où sort le nom farfelu théorisé par Reyes. Et s'exécute face à son adversaire, alors que ses optiques scannent ses gestes pour tenter d'anticiper le résultat, et... Oh, no, would you look at that, I lost, clame-t-elle face à leurs mains, d'un ton légèrement exagéré. Sans vraiment dissimuler sa pseudo-tricherie, ni même se cacher d'avoir manipulé le jeu pour admettre que le plan de Reyes semblait bien meilleur que le sien.

Il est temps de se mettre en route. Let's go find a way to get inside then, signale-t-elle en désignant l'usine d'un mouvement de tête. They probably have some kind of back door for us to sneak in from. Leur premier obstacle les laisse en extérieur, cependant. Un grillage entoure le terrain des laboratoires de Tsune, couronné de barbelés. Firefly scanne la clôture de ses optiques - pas d'électricité, fait à la fois surprenant pour la sécurité d'un tel endroit, mais pas totalement. Après tout, on est à Santo Domingo, où tout ce qui traîne dehors tombe en ruine ou en poussière, ou les deux. Should be okay, fait-elle en s'accroupissant près du grillage, sortant une petite pince à métaux d'une des larges poches de son pantalon cargo. Toujours préparée, lorsqu'elle est envoyée sur ce genre de jobs - on ne sait jamais sur quoi elle peut tomber. I can cut some wires. You said you can take care of the doors and the locks, right? jette-elle à Reyes avec un sourire en coin, plissant un seul oeil, aveuglée par le soleil de sa position accroupie à même la poussière. En quelques gestes, un pan de la grille est pliée, et ils se faufilent aisément dans l'enceinte de l'usine, depuis un coin isolé des regards du parking, de la route ou des autres entrées plus... officielles. Let's find a fire exit quickly, commente-elle tout haut - bien que Reyes n'ait sans doute pas besoin de l'audio-description.

North entrance is clear. L'analyse de Reyes arrache à Firefly un hochement de tête silencieux, emboîtant le pas à saon collaborateur.rice de la journée après avoir remis le grillage en place derrière eux. L'arrière du bâtiment semble calme - au premier abord. We might run into people, commente Reyes, alors que son regard se pose sur le bout de son pied, venant épousseter des mégots sur le sol. The opposite would have been more surprising, to be fair, commente Firefly en haussant les épaules. Certes, retarder l'échéance aurait été un joli bonus, mais il n'y avait aucun scénario dans lequel iels entraient, trouvaient leurs informations et repartaient sans croiser âme qui vive.

Reyes a une main sur la porte - comme dans un fragment d'hésitation avant de pénétrer dans le bâtiment défendu. Let’s wait for the next employee. Knock them, take their access card, commente-t-iel. Debout derrière Reyes, Firefly acquiesce. I have all the time in the world, répond-t-elle, écarquillant les yeux d'un léger sourire de presque-défi. Assommer quelqu'un ceci dit, ce n'est pas exactement ce pour quoi sont faits ses Mantis. Mais elle a d'autres stratégiques dans sa manche - en espérant que tout se passe comme il devrait.

Count to three and we go, glisse-t-elle à Reyes, qui a la meilleure visibilité sur leur timing. Et en un mouvement rapide, voilà la porte ouverte. Personne. Des voix résonnent un peu plus loin, trahissant la présence d'employés non loin. Firefly se planque dos au mur extérieur, avec une vue plutôt discutable sur une pièce vitrée plus loin à l'intérieur. Active ses optiques - l'effet plutôt calibré pour les basses lumières n'est pas flagrant, mais suffisant pour discerner les quelques mouvements de silhouettes à quelques mètres à la ronde. Gonna go grill one while this shit is updating. Firefly jette un regard à Reyes - They're coming our way, articule-t-elle en silence à saon partenaire de mission. Cover me, I'm going.

Le silence de l'anticipation fait résonner le coeur encore humain dans la carcasse de Firefly - le timing doit être impeccable. Booster de réflexes affûtés, l'habitude des embuscades dans un rôle attribué malgré elle par les Claws et leurs modifications pour dissimuler Yoshino. Compte les pas sur le sol carrelé. Trois... deux... un... et en silence, lorsque la silhouette pose un pas sur le seuil de la sortie de secours, Firefly se glisse pour saisir sa cible par la nuque. Une main sur la bouche, alors que son autre bras dégaine une Mantis affûtée qui menace la jugulaire de l'employé qui peut à peine faire un bruit. Sshhhhh, sussurre-t-elle à l'oreille de l'homme. Ses yeux s'illuminent - les LED bleu électriques passent au rouge. Quickhack. Cible détectée. Il se débat, bien que pas autant que si le moindre mouvement brusque ne risquait sa carotide. System Reset. Et en quelques secondes, il s'effondre dans ses bras, alors que Firefly le rattrape pour le laisser retomber délicatement au sol, à l'extérieur du bâtiment.

Se redresse et range sa Mantis, avant de replacer ses cheveux correctement. Let's hope this guy has what we need, souffle-t-elle, avant de fouiller les poches de sa chemise. Un badge est facilement retrouvé, standard corporate universel - que Firefly brandit avec un petit sourire satisfait et un geste de vendeuse de télé-achat à l'adresse de Reyes. Jyaaaan, fait-elle d'une petite voix discrète pour accompagner sa pose. Seemed like there's at least one or two other people in there. La prochaine partie du plan semble hésitante. Is there a way we can find some kind of map of the building somewhere? See if we can figure out the quickest way to any type of lab or computer room maybe, suggère-t-elle en laissant l'homme inconscient au sol - il le serait encore quelques dizaines de minutes, tout aussi confus que le quickhack semblait le laisser entendre. He mentioned something updating. Maybe they have laptops we can hack into in there, ajoute-t-elle, emboîtant le pas à Reyes.