Cette femme qu'est Linda se dessine peu à peu dans ta tête, quand bien même elle n'a été présentée que pour quelques minutes, tout au plus, dans votre conversation. Grande dame de petite taille, de ce charisme qui rougit jusque dans la couleur de son blush, dans le far qui tombe toujours dans des couleurs extravagantes sans pour autant être tacky. Rouge à lèvre toujours choisi avec soin, des cheveux blonds toujours proprement coiffés, avec cette teinte de folie dans des mèches colorées. De gros bijoux, des perles au cou, des tailleurs tout en couleur, des bracelets qui sont autant des perles de créateur que des bibelots trouvés sur les marchés.

C'est une grande femme, Linda, le genre qui veut choquer le monde à sa manière, et qui le fait avec la justesse de celle qui a déjà vu plus de cent saisons vestimentaires défiler.



Tu pouffes doucement, dans cette imagerie d'une dame qui existerait presque véritablement.



Linda, cette femme que l'on aimerait presque avoir tous·tes dans notre inventaire d'ami·e·s, cette femme qui porte ses combats avec la sérénité de celle qui sait qu'elle a déjà gagné sans pour autant avoir amorcer la guerre. Le genre de femmes qui refuse de mettre un pied à terre même pour refaire un lacet - elle n'en porte pas de toute façon.

Il y a quelque chose de fabuleux à créer cette femme de toute pièce, en se disant que cette Linda existe peut-être quelque part, dans un endroit inconnu de tous·tes si ce n'est de ces proches, que peut-être qu'elle a déjà pris le contrôle du monde. Pour peu, elle pourrait la CEO de Militech et personne ne serait capable de s'en douter, caméléon du monde.

Ça fait du bien, un instant, de te laisser imaginer cette grande dame capable de porter les costumes les plus flashy pour choquer la foule et faire croire au monde qu'elle est cette dame que l'on ne soupçonne pas, qui aime à choquer autant qu'elle aime à tirer les ficelles, faire croire qu'elle n'est rien quand elle est un grand tout. Il y a quelque chose de satisfaisant à dessiner ce portrait avec Georgia, cadavre exquis qui se dessine pour un portrait surréaliste, tout en couleurs et en formes imaginaires.

Un sourire, pourtant, passe sur tes lèvres, en abandonnant cette Linda pour la réalité de Georgia, dont les morceaux s'assemblent au milieu du puzzle décomposé. C'est marrant comme tu sais si peu de choses à son sujet tout en connaissant des recoins particulièrement intime de ces combats. Ça te surprends, ce n'est pas habituel. Les gens commencent souvent par leur passion, pas par leurs combats, leurs souffrances. Faut croire que vous avez tout fait à l'envers.



Un petit sourire, parce que la musique t'a toujours échappé, ne t'a jamais intéressé si ce n'est qu'en tant que personne l'écoutant. Tu n'as jamais été un grand assidu des classiques, ni même de ce qu'il se fait de plus niche. Jamais eu le temps de t'y pencher, sans nulle doute, jamais assez pour vraiment t'imposer dans le domaine.



Même si, à ses dires, c'était bien plus l'amour du violon, ce qui en revient à cette housse qu'elle a apporté avec elle. Pas du air guitar finalement, mais bien un réel loisir de la musique. Tu serais curieux de l'entendre jouer, voir si tu es capable de ressentir autre chose que ce banal sentiment que tu peux avoir quand la musique passe tes oreilles. Toujours du mal à être transporté entièrement, te dit qu'il te manque peut-être de trouver LA musique qui suffirait à te faire virevolter et te faire comprendre pourquoi la musique est si importante.

La couture est ta musique, ta muse, ta passion, sur tous les fronts, sur tous les niveaux. Une force dans les couleurs, dans les mouvements, dans les fils. C'est pour ça que tu es toujours bien plus à l'aise quand il est question de chiffons et de tissus que quand il s'agit d'autre chose. Zone de confort où tu aimes rester, où tu aimes vivre. Un sourire qui s'éclaire à sa remarque, une fois la veste enfilée, un éclat de rire qui se répercute dans les murs.



Etiquette corporative, néomilitariste qui demande à ce que tu restes dans le rang et que tu continues de t'aligner sur ce qu'il faut être. Plus une question de paraître que de goûts personnels. Evidemment, tu aimes les costumes plus classiques mais tu tuerais pour pouvoir t'habiller comme tu l'entends tous les jours. Pas possible, pas permis, tu n'es pas Linda, tu n'as pas sa position et son courage pour briser des chaînes invisibles d'une domination corporative.

Pas aujourd'hui, pas demain, peut-être dans dix ans si les odds sont en ta faveur. Pour l'instant, tu te contentes de préparer ces pièces, d'espérer les porter ou de les voir sur le dos de quelqu'un d'autre, espérer des soirées comme celle dont tu t'apprêtes à verser le thé, pour pouvoir porter des pièces qui ne choqueront personne mais raviront les pupilles de quelques invités curieux.

Comme Georgia, dont tu vois l'agitation et l'empressement aux nouvelles que tu apportes, comme un petit cadeau entièrement bercé de fil d'or. Des gossips et des noms bien empaquetés. Un rire pousse à tes lèvres alors que tu finis effectivement par remplir ton verre à nouveau, dirigeant la bouteille de son côté, une demande silencieuse qu'elle est libre de refuser d'un mouvement de la tête ou de la main.



Pas besoin d'en dire plus à ce sujet là, elle comprends aisément ce qui est sous-entendu. Pour le reste, le thé se déverse avec un certain plaisir qui n'est pas dilué dans ton sourire.



C'est pas vraiment tout, mais tu veux attendre de voir si Georgia a déjà des réactions à ce que tu lui offres comme amuse-bouche.

Femme éphémère qui n'existe sans nulle doute que dans votre tête, grande femme qui aurait des airs de grand mère ou de tante, à être celle qui glisse les mauvaises blagues et qui donne des cigarettes sous la table, sous le nez des parents. Ce genre de dame que l'on espère rencontrer une fois dans sa vie et qui change entièrement la perspective que l'on en a. Parce qu'elle a ça, Linda, elle a ce petit truc qui fait qu'on veut devenir comme elle, aussi libérée, aussi libre de ses choix, de ses actions. Elle est fabuleuses Linda, à sa manière.



Un rire à ce portrait que vous lui dessinez, avec une étrange allégresse, et qui, même avec humour, s'empreint d'un respect qui est presque étrange pour quelqu'un qui n'est pas supposé exister. Peut-être que tu aimerais qu'elle existe cette Linda, parce qu'elle aurait les meilleurs conseils pour vous aider à aller mieux, pour vous aider à vous libérer de vos propres chaines, de vos propre contraintes, de vos propres démons. Ouais, t'aimerais ça, que Linda existe.



Parce qu'elle parle, Linda, elle parle beaucoup, mais elle écoute tout autant. Vraie pervenche de son ère, le genre toujours perché sur un champagne, avec l'oeil courroucé qui cherche les nouveaux couples ou ceux brisés. Le genre qui sait détecter le mensonge avant même qu'il ne soit formulé. Ouais, il y a quelque chose de fascinant, avec cette Linda.

Mais pas aussi fascinant que d'en apprendre un peu plus sur Georgia, sur cette histoire dont tu ne sais que peu de choses, réduite à une éducation et une vie au Japon, et maintenant une connaissance de la musique. Tu peux l'imaginer tenir un violon, au milieu d'un orchestre en tout genre, au milieu d'une foule de costumes noirs et de robes tout aussi sombres, à tenir l'instrument avec une grâce certaine, à le maîtriser quand tout le reste se brise en cacophonie maîtrisée. Tu peux la voir, tu peux l'imaginer, sans l'ombre d'un doute.



Combien de fois as-tu envoyé la balle aussi loin que tu pouvais dans l'envie de la faire disparaître, quand tu n'arrivais pas au score ou au record que tu espérais? Combien de fois as-tu tapé dans le ballon du bout du pied en espérant le faire disparaître en un seul coup de regard? Trop de fois pour t'en souvenir. La rage faisait parti de l'entraînement, qu'on te disait. Il n'y a pas de succès, pas de réussite, sans un grain de rage. Tout le monde y passait, comme un rite de passage, tout joueur qui voulait arriver au plus haut passait par ce grain de rage qui rendait absolument fou.



Jamais vraiment. Si tu as pu cultiver un peu ton amour de la couture, c'était seulement parce que tu devais cut ailleurs, et encore.



Le baseball a surtout été un échappatoire dès que tes poignets allaient mieux.



On te l'avait pourtant déconseillé, jugeant que c'était trop fort et trop intense pour toi, mais qu'importe. De l'autre sens, ça t'amuse, quelque part, ces petits morceaux de vous qui sont partagés en ping pong de l'un à l'autre, quelque chose qui donne une certaine familiarité à votre relation. Voir des points communs, voir des divergences, fondamentales ou non.

Dont celle de devoir se fondre dans la masse. Peut-être plus tant aujourd'hui que par le passé pour Georgia, moins également pour toi. Moins populaire mais toujours notoire, toujours invité aux soirées, parfois obligé, une obligation qui saigne parfois les limites de ta propre condition, quand tout ce que tu veux c'est t'enfoncer dans ton canapé pour ne plus jamais y bouger. Pour autant, il y a des fois où tu aimes y aller, te fondre dans la masse et ainsi, pouvoir ramener les gossips auprès de Georgia, dont tu la vois être captivée par ce que tu dis, ce qui ne manque pas d'amener un sourire à tes lèvres.



Te voilà à trouver ton holo pour ouvrir la galerie, chercher les selfies en question au milieu de toutes les autres photos que tu as stockées dessus. Des memes de Jude, un selfie avec Jude - plusieurs mêmes, quelques photos de vêtements, et ah - les selfies en question, que tu glisses en direction de Georgia.



Un petit rire, pourtant, passe tes lèvres alors que tu te remémores le souvenir, trouvant toujours aussi lunaire le fait que ça soit arrivé.



Un instant de suspens, parce que tu penses que la prochaine personne que tu vas mentionné, tu penses que Georgia pourrait la connaître.

La patience, une qualité, une vertu, quelque chose d'obligatoire dans chaque passion que l'on s'implique, dans chaque travail, dans chaque petite chose qui demande un grain d'apprentissage, un grain de détermination. Tu n'étais pas arrivé là où tu étais sans avoir la patience d'y mettre le temps, la patience de mettre le reste de ta vie sur pauses pour des idéaux et des objectifs qui semblaient atteignables uniquement en faisant ces sacrifices, ces concessions. Une sorte de balance qui trouve justice dans l'accomplissement, mais qui est injuste pour tout le reste qui se retrouve laissé de côté.



Parce que ce n'est pas la musique pour toi, c'est quelque chose de plus sportif, de plus au corps, mais qui t'a demandé une patience qui doit être aussi similaire. Des horaires intransigeants, des règles qui le sont tout autant. On ne devient pas ce que l'on veut en se laissant aller, en ne se forçant pas sur tous les points. Il faut se pousser à bout pour arriver à tenir l'objectif entre ses mains. Toute une question de balance qu'elle soutient bien, avec ce grain d'humour qui arrache à tes lèvres un sourire sans aucune difficulté. Point réel, point qui fait du sens sur tous les plans.



Que tu pouffes doucement, mais tu sais comprendre le fond de son point d'un mouvement de la tête, d'un regard qui s'éparpille sur les bibelots de ton appartement avec une certaine paresse. On ne peut pas être bon partout, et quiconque s'y prétend aura forcément des lacunes quelque part. On ne peut qu'être médiocre partout. Pour être réellement bon quelque part, il y a des sacrifices exigés dans d'autres matières, dans d'autres compétences, c'est complètement inéluctable.



Une phrase de vie finalement, une espèce de motto de la réalité, qui s'applique un peu partout, qui s'applique un peu à tout. Ça ne t'empêche pas de sourire, de pouffer un peu, en voyant la surprise de Georgia à la mention du baseball.



Loin d'être excellent, mais quelque chose qui arrive à calmer tes nerfs quand ils sont enroués, qui arrivent à te remettre dans le bon ordre. Quelque chose de physique qui n'implique pas la totalité de ton corps, qui ne demande pas tant d'exercice. Et il faut avouer qu'il y a quelque chose d'agréable à taper dans des balles à répétition, quitte à en louper certaines. En attendant, tu opines de la tête aux règles du softball, stock l'information dans ton crâne pour quand elle te sera utile un jour. Peut-être que vous aurez l'occasion de vous y entraînez, dans un futur plutôt lointain.

Qui sait.

Pour l'heure, la conversation défile aux festivités débordantes auxquelles tu es invité, toujours surpris, toujours curieux. Ces soirées où tu finis, forcément, avec des potins qui débordent de tous les côtés, comme un panier qui ne cesse de se remplir. Les gens - surtout riches - ont tellement de choses à cacher, tellement de choses qui ne se voient pas derrière l'écran poli. Tu n'as plus autant d'attaches à cacher cette décadence que lorsque tu étais toi-même derrière cet écran vitriolé.

Quand tu lui montres les quelques photos - selfies improvisées avec trop de tequila dans la gueule pour réellement faire de ces clichés quelque chose d'autre qu'un selfie médiocre, tu n'es qu'à moitié surpris qu'elle ne reconnaisse pas les deux personnes que tu as pu mentionner. Connus, mais dans une sphère particulièrement précise.



Probablement le dressing, au milieu de toutes tes autres chemises, mais qui sait. Tu ne gardes malheureusement pas le souvenir d'où sont toutes tes pièces - ni même si tu les as toujours. Beaucoup partent chez tes parents, pour les gamins des rues, ou chez les Moxes. En attendant, la réaction à la mention d'Hiromi t'arrache un nouveau sourire, attendant un peu cette réaction chez la jeune femme en face de toi. Le reste de sa réaction t'arrache un rire.



Un nouveau petit rire parce que tu te souviens de son regard qui est passé sur toi avec surprise avant de retomber sur les trois autres, avec beaucoup plus d'intérêt.



Au sein de Night Corp., cliente particulière qui avait réservé l'entièreté de ton après-midi pour un showroom privé, pour lui faire essayer le plus de modèles possibles avant de partir sur un modèle entièrement fait à sa mesure. En plus d'être une femme magnifique, elle était particulièrement adorable, comme cliente, chose que tu avais rarement l'occasion de dire à propos de tes client·e·s corporatif·ves.



Et te voilà à quitter ton verre pour t'approcher de ton frigo, en sortant plusieurs bouteilles que tu déposes sur la table. Des mélanges de mocktails et des choses plus douces encore, s'approchant de jus de fruits, notamment.



Un nouveau petit rire qui t'échappe.

Après l'accident, après l'opération, la frustration était devenue ta meilleure amie, de paire avec cette dépression qui continuait de faire danser des démons derrière tes paupières fermées. Cette frustration qui grimpait au moindre inconvénient, la moindre petite chose qui pouvait simplement faire tourner la boussole de ton moral vers le bas. Voir tes mains tremblées en ne tenant qu'une simple tasse de café, en sentant tes jambes flancher trop souvent, en sentant tout ce que tu n'étais plus. La solidité construite à mesure d'années, la force construite sur la base d'une discipline, tout s'était évaporé en quelques heures, en quelques minutes.

Et le reflet dans ton miroir t'avait souvent renvoyé une image frustrée, déchue de ce que tu étais, de ce que tu pouvais être, comme une pâle copie, comme si l'enfant que tu avais été avait pris un chemin différent, une ramification différente. Comme si tout ce que tu avais fait, tous les sacrifices, n'avaient jamais compté que pour rien. Longtemps, cette image était restée, t'avait plongé dans le noir absolu, au point de t'enfermer dans une chambre où les rideaux étaient fermés, pour faire taire l'idée de voir ton miroir, de voir un reflet qui n'aura pas changé.

Le baseball, dès que tu avais retrouvé un peu d'énergie, un peu de force, était venu compenser ce manque, venu combattre cette frustration que tu n'arrivais pas à expier différemment que dans un mouvement répétitif mais pour lequel la concentration était presque obligatoire, fondamentale. Ça ne te surprend pas que ça ait aidé Georgia aussi, qu'importe la situation, souvent les solutions sont les mêmes, ou du moins, sensiblement proches. Tu veux croire que peut-être, dans une réalité alternative, vous vous retrouverez, à cette heure variée, à vous passez la batte, dans un objectif de score le plus élevé de balles.

Qui sait, après tout.

Peut-être que dans un monde alternatif, tu n'avais pas fondu dans les combats de rue et les batailles de bar, au moindre regard de travers, à la moindre interjection qui suffisait à faire gronder tes crocs, à faire se fragiliser tes poignets déjà vulnérables. C'était toute l'ironie de cette situation, une envie d'aller mieux couplée à une autodestruction incontrôlable, qui laissait se vernir les hématomes sur ta peau comme des fleurs dans un jardin mal entretenu.

Une image de toi-même recroquevillé dans le noir ou étendu sur le sol d'un bar avec les larmes dans les pupilles, peu de différence : le sentiment de vulnérabilité était le même, l'envie d'en finir, aussi. Il n'y avait que rarement des poisons plus efficaces que celles que l'on était capable de façonner soi-même. Il n'y avait pas plus toxique que ce que l'esprit créait par lui-même, une arme de la plus grande envergure. Les autres et leurs jugements n'étaient rien comparé à la souffrance que le corps et l'esprit se mettaient en accord de créer.

Drôle d'ironie, selon toi.

Se laisser voguer sur d'autres songes, sur des choses plus faciles à appréhender garde les monstres au bord du rivage, et penser à cette robe que tu avais façonné pour l'actrice permet de calmer les vagues qui se sont remuées juste assez pour que ton regard se perdre un instant, seulement pour être récupéré par les mots de Georgia.



Que tu souffles en reprenant ton holo pour scroller de nouveau dans ta galerie, à la recherche de ce dossier où tu répertories certaines photos de tes créations. Quelques mouvements du pouce avant d'arriver à la dite robe, te faisant retourner ton holo pour que Georgia puisse voir.



Et on ne peut pas vraiment s'amuser pour ce genre de galas, surtout quand on porte un nom pareil et qu'on doit apparaître pour les beaux yeux de la presse et solidifier un piédestal sur lequel on est déjà. Tu en connaissais le prix, de ces galas, ce dress-code qui demandait à ce que tout le monde soit relativement classieux sans pour autant en faire trop, et surtout : ne pas trop choquer par les couleurs. Tu avais déjà trouvé le rouge suffisamment bold, mais visiblement, c'était passé, puisqu'elle était revenue quelques mois plus tard pour une robe pour une avant première.

Celle qui te laissait souvent carte blanche, c'était Mera. Amitié comprise dans un malheur que vous aviez partagé, et un amour mutuel pour cette peinture corporelle que représentait la couture pour vous deux, et elle aimait à te laisser te faire plaisir avec les tissus. Mais pour l'heure, tu te contentes de servir un nouveau verre à Georgia, avec le jus vert qu'elle a choisi, un petit sourire quand elle te mentionne avoir entendu parler du nom dont tu viens de parler, un rire qui ne tarde pas à sa question.



Que tu pouffes doucement à sa suite, finalement.



Pas que ça, tu le sais, finalement, mais te lamenter n'arrangeait rien. Non pas que ça t'empêche de le faire, même pour quelques rapides secondes, le temps de laisser ton regard vadrouiller par la grande fenêtre plus loin, celle qui donne sur ta terrasse, sur le panorama de City Center. Pas assez longtemps pour laisser les idées noires prendre racines, puisque la voix de Georgia te ramène à la surface et tu ne manques pas d'en faire une caisse, la main sur le torse.



Non, la réalité, c'est que le vêtement était fait pour, et tu le savais. Il n'était pas là par hasard. Évidemment, pas ta plus belle création, mais probablement la plus militante, sans nul doute. Qui sait.



Les lèvres sur le bord du verre, le regard amusé à la réaction de Georgia. Parce que c'est ça la mode, aussi, c'est choqué, c'est faire réagir, c'est esquinter les consciences jusqu'à ce qu'elles se brisent complètement.