Bercé par les notes du piano, les yeux rivés sur le plafond - dénombrant sans les quantifier exactement, les cases dorées qui le composent. Tu as toujours trouvé la musique classique un peu triste, mais c'est peut-être parce que tu n'as jamais eu l'occasion d'en écouter vraiment. Pas comme ça en tout cas, dans une pièce avec autant d'acoustique, d'aussi beaux murs, des gens qui dansent dans des costumes plus chers à eux tout seuls que tous les biens que tu as un jour possédé. Tes yeux glissent sur les couples qui ne s'essayent pas à davantage qu'une valse facile, qui ne demande pas autant d'efforts de concentration que les conversations qui ont lieu en même temps. Tu n'as jamais vu un endroit comme le Konpeki auparavant, un endroit où le faux-semblant est placardé partout et tout le monde fait genre de ne pas voir ce qui semble évident.

Tu trouves ça fascinant - et c'est même pas ta première visite.

D'une mauvaise façon sans aucun doute, tu es aveuglé, comme celui qui pourrait se faire happer par ce monde de paillettes et de richesses. Mais tu n'en feras rien. Au maximum, tu en donneras l'air, tu y prétendras, mais cette vie ne te tente pas. Ça n'a rien de réel. Tu as payé pour le rêve et le voilà qui arrive dans un verre en crystal avec des glaçons aux formes abstraites - ils font même de la glace de l'art ici. Pffh.

Thank you. Merci.

Tu vas pour poursuivre mais il te prend de court.

About what you asked, I suggest you talk to Miss Pompilii. Et pour ce que vous avez demandé, je vous suggère d'aller voir Madame Pompilii.

Il te fait une drôle de face, et tu as soudain l'étrange sensation que ce qui te semblait être le début d'un indice n'en est pas vraiment un. Pas déstabilisé pour autant, tu ne montres rien de tes doutes, et tu le remercies à nouveau en suivant son doigt qui t'indique celle dont il vient de faire mention.

De loin, et avec ta vision de nomade qui découvre encore ce nouveau monde, tu ne vois qu'une corpo parmi beaucoup d'autres. Tu te demandes ce que les autres voient en te regardant. En y réfléchissant, tu as un début de réponse - la plupart des gens ici ne t'ont même pas remarqué, se foutent bien de ton existence. Les plus intéressants sont celleux qui t'auront entraperçu, auront au moins daigné capté ton existence. Mais ça te gêne pas d'être personne, vraiment pas.

Enfin, en fait si. Ça dépend. Est-ce que tu es là uniquement parce que tu as un job à faire ET tu apprécies le changement de paysage de manière ponctuelle, ou parce que tu veux vraiment te rendre utile jusqu'à t'essorer à la dernière goutte d'énergie et d'idée pour ta nouvelle famille d'adoption ? Le jour où Reed t'a ramassé pour la seconde fois, le jour où tu as choisi ce prénom, tu as choisi un chemin. Et tu n'as pas pris une putain de pause depuis que tu as commencé ton périple. Alors c'est ptêt pas être personne qui te dérange dans cette famille, c'est plutôt l'impression désagréable d'être toujours en arrière quand il s'agit de tes dettes - de ne pas en faire assez, jamais. C'est quoi le prix d'une vie ?

Se rappelleront-ils de ton nom quand ce sera ton tour d'y passer ?

Tu préfères ne pas y penser, te reconcentrer sur le sujet actuel ; ouais, ici, t'es personne et tu es convaincu d'en avoir rien à foutre. Mais peut-être que ça va poser problème dans quelques secondes, mais qui ne tente rien n'a rien. Tu reposes les pieds à terre, quittant le tabouret du comptoir pour t'approcher du groupe dans le coin de la salle, dont une partie n'a que faire de l'animation musicale. Toi, malgré tout, une oreille accrochée à la mélodie, parce que tu n'as pas de ça tous les jours.

Miss Pompilii. Madame Pompilii.

Que tu énonces poliment, clairement, mais pas brusquement en arrivant à sa hauteur, ton verre à la main, une main derrière ton dos - dans une position involontaire de garçon serveur, et ça te trahirait si tu ne portais pas un costume bien différent de ces derniers.

I was looking for a monument and someone send me your way. J'étais à la recherche d'un monument et quelqu'un m'a envoyé jusqu'à vous.

Tu ne mens pas vraiment - ce n'est pas ce que tu as demandé mais tu sais quand même à qui tu t'adresses. Tu lis les tabloïds de temps en temps, même quand certains Aldecaldos s'en désintéressent foncièrement. Tu te fous des drames, tu es là pour la pêche aux informations. Tu ne lis pas le texte mais le sous-texte. Toute information est bonne à prendre. Et même si jusque-là, tu n'avais aperçu ce visage que des couvertures de papier glacé, tu n'es pas homme à te défiler.

T'es un Aldecaldos bordel de merde. Il y a bien pire que des robes trop serrés, des néons trop flashys, et de la musique déprimante.

I would love to have a chat with you, if that's okay. J'adorerais discuter un peu avec vous, si ça vous va.

Ce Zacarias-là n'a pas grand chose à voir avec celui que tout le monde connaît, au camp. Pourtant, il a plein de points communs avec le nomade. Il sait que la clé, c'est de ne pas attaquer en premier, de faire croire à l'autre que tu es peut-être plus bête que tu ne l'es. Mais tu n'en es même pas là pour l'instant, tu es juste préparé à l'idée, vu le taux de mépris au mètre carré dans les parages, même pour les corpos entre elleux - et c'est p'têt leur show constant qui te convainc comme un vaccin toutes les dix minutes de ne jamais envier leur vie. Et de l'autre côté, la démonstration régulière des nomades pour ce foutu instinct familial, cette affection sans bornes même pour l'inconnu dans l'équation, qui t'a poussé à aller parader au Konpeki pour des informations.

C'est quoi le prix d'une vie ?

Tu ne te reposes pas sur tes lauriers, même si ceux donnés par une personne puissante, surtout une corporative, peut sembler vraiment tentant. Parce que les lauriers sont 100% organique, super chers, et que le fait qu'elle doit constamment se faire saucer de compliments doit les rendre infiniment plus rares, et donc, précieux.

Mais non, tu ne te reposeras pas dessus. Ce n'est pas ta première danse avec des gens importants.

Tu le sais quand elle te dévisage désormais, reluque même de la tête aux pieds. Rien de lubrique dans ce regard, simplement des briques, littéralement. Elle sait que ton costume ne t'en a pas coûté une,, ça se lit sur son visage aisément. Non pas que tu avais essayé de faire plus d'efforts que ça - mais acheter un costard à 3 zéros pour le garder dans une caravane dans le désert ? Come on.

Tu tires un peu sur ta manche, réflexe d'occuper tes mains, avant de les joindre dans ton dos.

Contrary to you Miss Pompilii, my last name doesn't mean much to anyone. You can call me Zacarias. Contrairement à vous madame Pompilii, mon nom de famille ne veut pas dire grand chose à qui que ce soit. Vous pouvez m'appeler Zacarias.

Que tu réponds calmement, sans fausse modestie ou prétention, le r de ton prénom roulé qui trahit déjà des choses que tu ne peux décemment pas cacher. À quoi bon ? Tu ne lui as pas gardé ton nom secret pour la faire chier non plus, c'était la vérité : il ne lui serait d'aucune utilité, parce que personne ne se souvenait de Monsieur Salva. Est-ce que quelqu'un t'avait seulement appelé comme ça un jour ? Non, sans doute pas.

As to what I wanted to talk about- To be honest, there are two things. One is more business-related, the other one well- I could just use the company I guess, or the advice. I don't have to say to you that I don't spend my days in the Konpeki, you already know that. Wanna make the most of it and I have no clue how. Pour ce dont je voulais parler- Pour être honnête, il y a deux choses. L'une est plus côté business, l'autre est- Disons que je pourrais nécessiter de la compagnie, ou au moins, de conseils. Je n'ai pas besoin de vous dire que je ne passe pas mes journées au Konpeki, vous le savez déjà. Je veux juste en tirer la meilleure expérience et je n'ai aucunement idée de comment.

Transparent, parce que ça sert à rien de lui mentir. Elle trouvera quelque chose pour t'atomiser verbalement si elle le veut, même si tu allais complètement dans son sens, même si tu lui racontais un énorme mytho. Alors au moins, ne pas lui faire perdre son temps avec quelqu'un qui se penserait plus malin qu'elle.

It has to do with them, yeah. C'est en rapport avec elleux, oui.

Tu oublies aussi rapidement que c'est arrivé, le sentiment de honte, de doute, que ses actes et propos ont pu provoquer. Oui tu la vois te juger, t'envoyer des pics même pas dissimulés - parce qu'elle a pas besoin de le faire - mais tu n'es pas venu lui parler pour te faire lustrer le poil. La belle et le clochard, remix 2079, et ils finiront pas ensemble.

I think it would be beneath you to try to entertain anyone, especially someone like me. Trust me, miss Pompilii, it didn't even caress my mind to think of it this way. Je pense que ce serait en-dessous de vous d'essayer de divertir qui que ce soit, surtout quelqu'un comme moi. Croyez-moi, madame Pompilii, ça ne m'a même pas caressé l'esprit.

Parce que c'est vrai, parce que tu te doutes bien qu'elle traîne pas avec les chiens galeux for fun. Mais quelque part, tu te demandes si elle n'est pas comme toi. Tu ne la penses pas humaniste ou altruiste non plus, non, mais peut-être piqué par cet intérêt empoisonné de connaître les habitant·e·s d'un monde duquel aucun de vous ne fera jamais parti ? Elle, les nomades, toi, les corpos.

Tu t'asseois sur la banquette, comme invité - évite de t'y vautrer, mais ne reste pas tendu non plus. Pour quelqu'un d'aussi chill, tu fais attention à énormément de détails. C'est ce qui floue généralement beaucoup de monde - ils n'attendent rien de celui qui n'a pas l'air de réfléchir à ses mouvements. Mais les corpos vivent déjà dans un monde de faux-semblants, et ils se méfient de tout le monde - à raison - donc aucune de tes tactiques ne marchera convenablement, tu le sais, et surtout pas contre une femme comme elle.

Tu peux juste essayer de sauver les apparences.

But aren't you curious beyond the fact how my presence here ? I don't think you speak with people like me every day. Mais n'êtes-vous pas curieuse plus loin que le simple fait de ma présence ici ? Je pense pas que vous parlez avec quelqu'un comme moi tous les jours.

Le comme moi teinté de modestie, parce que ça ne veut pas dire que tu te sens au-dessus, au contraire, tu lui sous-entends le panier à cons dont tu fais partie intégrante.

I don't need to lie to you nor can I, you'll know before I open my mouth, like you just did with my clan. So i can just be transparent. And tell you that I am fascinated for this world I don't belong in even so I don't intend to do anything to be a part of it anytime soon, so you don't have to fear me being here for ulterior motives either. J'ai pas besoin de vous mentir et je ne le peux pas, vous allez le savoir avant même que j'ouvre la bouche. Donc je peux juste être transparent. Et vous dire que je suis juste fasciné par ce monde auquel je n'appartiens pas et que je n'essayerais pas d'intégrer de si tôt, si cela peut aussi vous rassurer sur mes potentielles intentions.

Un sourire rassurant alors que tu t'accoudes à la banquette pour être un peu plus tourné vers elle.

C'est pas un jeu de mensonges et d'apparences - elle a la tune pour se refaire la face jusqu'à devenir une personne entièrement différente. Tu peux juste user de ton arme la plus chère et la plus efficace à ce jour, celle qu'aucun argent ne pourra jamais acheter - ton humanité. Et espérer que ça suffisse.

Quel luxe décadent ce doit être de n'avoir peur d'absolument rien. Pendant une seconde, tu y crois, réellement, de manière tangible. Tu te dis qu'il doit bien y en avoir quand même, des gens de ce monde, qui tombent dans cette catégorie. Mais tu te reprends vite. Tu te rappelles que mêmes les personnes les plus compétentes, les plus terrifiantes, les plus dangereuses que tu as eu l'occasion de croiser pendant ton existence - elles avaient des peurs. Parfois tues, parfois étouffées, mais elles en avaient.

Tu n'avais pas envie de croire ce plus grand message qu'elle renvoyait.

Mais tu pouvais au moins croire au fait qu'elle n'avait pas peur de toi. Réellement, tu n'avais pas grand chose d'une menace actuellement, dans un lieu où tu n'avais pas l'habitude d'être, avec des gens que tu ne connaissais pas et qui, toi, sans même te connaître, ne t'appréciaient sans doute déjà pas. Mais c'était ta force aussi. Te tenir ici et ne pas avoir peur de le faire, d'essayer.

I don't know about ice Miss Pompilii but I can give you. I'm sure, a very complete report on sand and the natural but incredible phenomenon that is erosion. Je ne sais rien sur la glace madame Pompilii, mais je peux vous donner, j'en suis certain, un rapport très complet sur le sable et ce phénomène merveilleux qu'est l'érosion des sols.

Tu lui adresses un sourire poli, conscient que ce n'est pas ta meilleure blague - c'en est à peine une en réalité, juste une perche de plus pour lui montrer que tu n'es pas complètement imbécile mais que faut pas déconner plus, tu pourras jamais level avec ses connaissances et son savoir. Autant sur le papier que sur le social ; elle a dû voir à peu près tout ce qui se fait à Night City.

Would you mind if I smoke in this, indeed, beautiful and fascinating place, before we start talking business ? Est-ce que ça vous dérangerait si je fumais dans ce qui est, en effet, un magnifique et fascinant endroit comme celui-là ? Avant qu'on parle business ?

Que tu demandes en sortant le paquet de clopes - fancy, parce que tu sortais, alors tu te permettais une marque élégante qui avait un goût de feu de joie d'eurodollars ; sans doute, tu sais pas ce que ça goûte, le fric à un point où on peut le brûler tellement on en a trop.

I wish I'd see business as pleasure just as you do. J'aimerais voir le business comme du plaisir moi aussi. Mensonge, tu le vois déjà un peu comme tel. Enfin, non pas tous les jours, pas avec toutes les conneries que les Sonorans - toi inclus - font. Mais tu penses quand même avoir le meilleur job du monde, parce que t'as pas l'impression de travailler. Tu doutes qu'une corporative pourra un jour comprendre ce feeling. You said you worked with nomads. Ever worked with Aldecaldos specifically ? Vous avez dit avoir bossé avec des nomades ? Déjà travaillé avec des Aldecaldos ?

Tu sais qu'elle sait déjà tout, tu sais qu'elle pourrait t'envoyer chier de quatorze façons sur cette perche.

No, 'cause I fuckin' loathe them.

Yes, and that's how I learned that I don't want to ever again.

Yes, there wasn't any other choice so I took what resources I needed, disregarding the poor quality and unreliability of the material.

Dans ses propres termes bien sûr, mais d'ores et déjà imaginer sa réponse te permet de te détendre légèrement, de te dire que tu de toutes façons, tu ne veux pas gagner cette joute verbale, tu n'es même pas dans la partie. Tu n'auras pas la prétention de sortir d'ici en ayant le sentiment d'avoir vaincu quelqu'un, juste d'avoir fait un peu plus de ce fameux job qui te donne envie de te lever le matin.