Night City, la ville qui ne dort jamais - qui n'a plus fermé l'œil depuis un an et quelques. Après l'impact sans précédent de la station orbitale dans la baie de Watson, et l'onde de choc qui a suivi l'annonce des coupables à blâmer pour cette tragédie, la cité semblait enfin retrouver un semblant de paix. Une trêve chaotique, qui n'empêche pas les cadavres et les dommages collatéraux de s'aligner, mais une sorte de paix quand même.

S'il y a bien une chose que les habitant·e·s de cette ville savent tous·tes, c'est combien il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers. Beaucoup savent déjà que la décision de Night Corp vis-à-vis de la corporation chérie des NUSA - Militech - va faire des vagues, et appréhendent la forme de cette dite marée. Une ravageuse tempête ou une montée des eaux lente, mais qui va inévitablement tout inonder et avoir de terribles conséquences ?

Personne ne sait, personne ne pourrait le prédire.

C'est pour ça qu'il est difficile de pointer un jour où ça a commencé. Tout le monde était trop occupé à se mêler de ses affaires habituelles - crimes, vols, trahir son voisin, moyens de subsister quotidiens - ou à angoisser sur l'avenir de la cité-état, pour voir la chose venir. Et pour cause, elle s'est d'abord révélée de manière discrète.

Une sorte de malaise pour les netrunners du cyberespace, comme s'iels étaient tous·tes soudain à leur coup d'essai. Comme les symptômes d'une maladie sans nom, légers mais bien présents - nausées, maux de tête, douleurs dans les articulations et les implants. Les netrunners plus classiques l'ont senti aussi - mais c'était plus moindre. Ce quelque chose.

Puis, les plaintes des consomatteur·rice·s de danse sensorielle ont commencé à se multiplier. Symptômes similaires, bugs. De pair avec les assoiffé·e·s de leurs écrans, les fanas de Watson Whore, et autres débilités médiatisées. L'écran qui freeze, l'incapacité à regarder la susmentionnée stupidité plus de huit heures de suite sans se sentir pris d'un certain mal-être. Les holos s'envoient difficilement, de temps à autre, bug.

Ça ne fait que quelques jours, mais c'est bien là. Ce quelque chose qui démange sans déranger à un point fondamental, qui questionne - celleux qui sont attentif·ve·s - sans créer la panique - pour l'instant. Personne n'est capable de mettre le doigt dessus, même si beaucoup voient des patterns se répéter à force d'y porter attention.

Sans doute une surcharge du réseau, qui devait inévitablement arriver, dans cette ville ultra connectée. Un réseau souterrain de câbles endommagé par la chute qui fait enfin des siennes, un an après. Les relais de la station électrique qui fatiguent, entre vieillesse et combat de gangs juste à côté.

Une explication rationnelle, aux multiples possibilités. Rien qui sort de l'ordinaire.

Sans doute.

Comme à son habitude, la ville s'est adaptée - ses citoyen·ne·s en premier. Un mois de bugs incessants, de latence dans le réseau, de choses inexpliquées arrivant à tous·tes, mais plus particulièrement, à celleux qui adorent leurs appareils électroniques ou leur netrunning. Si quelques fanatiques prophètes de rue ont mis la faute sur la dégénérescence de cette population trop connectée et maintenant punie par une main divine, beaucoup ont finalement accepté que ce devait être passager et que ça ne pouvait être expliqué. Si la technologie a bien enseigné une chose au monde, c'était son côté rebelle et imprévisible, et quand les choses se mettaient à déconner, la patience était peut être la meilleure des solutions.

Pour une fois que Night City faisait preuve de patience, cela aurait pu être récompensé. Mais les soi-disant dieux précédemment évoqués n'étaient peut-être pas aussi cléments, pour peu qu'ils aient quoi que ce soit à faire avec les mystérieux phénomènes qui avaient commencé un mois auparavant.

La ville s'est endormie paisiblement ce 15 mai, avec son lot habituel d'insomniaques, seuls témoins de la tragédie silencieuse qui s'est jouée dans les coulisses. Vers 4h du matin, sans un son, le réseau a été coupé. Les citoyen·ne·s se sont réveillés en sursaut pour les plus connecté·e·s d'entre elleux, ou plus tard pour les autres, agacé·e·s par le fait que le grille pain n'avait pas démarré automatiquement, que la radio ne voulait pas cracher son émission matinale, ou que le message pour le·a collègue refusait de s'envoyer. Certain·e·s ont connecté plus vite que d'autres - certain·e·s auraient mis plusieurs jours si ce n'était pas pour leurs proches plus au fait des actualités qu'elleux.

Plus rien.

Plus d'internet local, plus de netrunning, plus de réseau de sécurité centralisée dans les bâtiments sous haute surveillance, les Delamain stoppés net, plus de départ du spatioport, plus de transaction bancaire dans les magasins, plus de messages ou d'appels. Il apparaît soudain aux victimes collatérales de cet étrange drame l'importance d'un réseau, qu'il soit global ou local. Et après l'incompréhension vient l'indignation, puis la colère.

Qu'est-il encore arrivé à cette ville qui semble maudite ?

Une semaine passe, et toujours rien. On ne mentionne que la foule en colère grossissante en bas de la tour NightCorp, qui exige des réponses. Le silence de Netwatch, semblable à celui d'Orbital Air, une grosse année plus tôt - on ne sait pas ce qu,ils ont fait, mais c'est sûrement elleux qui ont les moyens de couper le réseau. Les rumeurs qui grondent dans les rues malgré l'absence de communication à distance possible, parce que les murmures d'une population frustrée savent toujours trouver leur chemin. Le quartier d'Heywood pullulerait d'agents de Netwatch - pour le plus grand malheur des Valentinos - il y aurait des morts qui s'approchent un peu trop près d'un certain point, où se trouverait un bâtiment abritant un tunnel menant à un réseau souterrain. Les frictions à la frontière qui se font soudain plus intenses, face à la vague de gens tentant de quitter la ville. On ne sait pas ce qui se passe derrière la ligne et les gens commencent à avoir trop peur de ce qu'on dit pour aller vérifier par elleux-mêmes - Militech qui attendraient les citoyen·ne·s de la cité-état traîtresse pour les punir une fois à l'extérieur du territoire ? Voilà une rumeur qui ferait plus de sens.

Chat de Schrödinger ou cage de Faraday, tous les termes pourraient essayer de décrire ce qui se passe à Night City, sans réellement réussir. Comment faire sans connaître exactement les circonstances de la situation ? Comme l'année dernière, il ne reste que la colère. Et une foule en colère finit toujours par essayer de trouver des moyens quand on ne lui en fournit pas, des réponses quand les questions restent en suspens. Elle creuse, elle creuse, peut-être sa propre tombe, mais ce n'est pas grave. Elle creuse.

Pour combien de temps, et jusqu'à où ?

Ce post sert de base si vous souhaitez vous renseigner sur les conséquences directes de la coupure pour utiliser dans vos RP. A savoir que des effets particulièrement étranges ont commencés à se produire dès la mi-avril pour les netrunners majoritairement, mais aussi pour quiconque utilisant le réseau ou des objets connectés. La coupure globale du réseau, quant à elle, a débuté le 16 mai dans la nuit, réseau stoppé par Netwatch aux alentours de quatre heure du matin, sans date de remise en fonction annoncée par la corporation.

En pleine nuit, sans prévenir. Tous les holos se sont mis à vibrer d'un coup pour ceux qui ne les avaient pas laissé se décharger jusqu'à laisser la batterie hiberner pour de longues semaines, les ordinateurs se sont mis à biper aussi, concerts de bruits devenus inexistants. Pour celleux qui ne trouvaient pas le sommeil, ou l'ont vu perturbé par ce concert improvisé, ça ne fait aucun sens. Ça en fera encore moins pour celleux qui ne verront ça qu'au petit matin.

Juste comme ça ?

Les netrunners, toujours les premiers sur le coup, sont allés fouiner - sans rien trouver sinon que la satisfaction de voir que le réseau était véritablement de retour, et sans lézard. Les corporations ont bien vite remis leur système à jour, tout le monde a repris ses marques en un clin d'œil, et pour la plupart, avec un soulagement difficile à cacher. Et outre quelques ajustements évidents mais toujours bien moins conséquents que ceux qui avaient dû être faits en mai, on aurait pu croire que la chose serait passée comme une lettre àla poste.

Mais plus personne n'envoyait de lettre à la poste et cette image ne pouvait donc pas décemment marcher, encore moins avec le fait que certain·e·s citoyen·ne·s de NC trouvaient ça un peu facile. Et quand les premières voix sont montées, Netwatch a cru bon d'envoyer ce communiqué, ou plutôt, cette gifle virtuelle, comme un cadeau empoisonné sous la forme de ces messages qui avaient tant manqué. Suivi d'une ignorance royale sur cette histoire de portes étranges dont certain·e·s avaient entendu parler.

Du foutage de gueule.

Mais est-ce que la ville en avait eu assez du Crystal Palace pour se résigner ? Ou au contraire, restait-il assez de résidus de colère pour ne pas laisser un nouvel affront passer ?